saint Pie X


Giuseppe Melchiorre Sarto, né le 2 juin 1835 à Riese, aujourd'hui Riese Pio X Vénétie, Autriche-Hongrie, mort au Vatican le 20 août 1914, pape de 1903-1914

Le pontificat de Pie X n’a duré que onze ans (1903-1914) ; c’est peu, comparé à celui de ses prédécesseurs immédiats : Léon XIII (25 ans), Pie IX (31 ans), Grégoire XVI (15 ans), mais ce fut tout de même un pontificat marquant, dont l’influence a été profonde, voire décisive et, en certains domaines, durable.

Cependant, s’il a été un grand pape, on ne peut guère nier qu’il ait aussi été un des plus discutés. Paradoxe d’autant plus sensible qu’en 1954, solennellement canonisé par son troisième successeur Pie XII, il était le premier pape à monter sur les autels depuis le XVIème siècle, depuis Pie V, le pape de la croisade contre les Turcs et de la victoire de Lépante. Devenu saint Pie X, il n’en a pas pour autant désarmé les controverses, que l’évolution actuelle du catholicisme semble au contraire avoir avivées. Pape de la condamnation du modernisme, il apparaît aux uns comme le champion de la tradition et de l’orthodoxie, aux autres comme l’adversaire du renouveau, de l’ouverture et du progrès dont Léon XIII avait si bien montré la voie.

Une très grande activité

Né à Riese, petit bourg de Vénétie – bastion du catholicisme italien –, et fils d’un agent communal, Giuseppe Sarto devait avoir une carrière ecclésiastique exceptionnellement heureuse : parti d’une origine très humble, qui demeura une de ses caractéristiques, il gravit tous les échelons de la hiérarchie. On doit ajouter que cette carrière fut très classique, tout entière consacrée au ministère pastoral. Entré au séminaire à l’âge de 15 ans, il en sortit prêtre à 23 ans et fut successivement vicaire, curé, directeur spirituel du séminaire et chancelier du diocèse de Trévise, évêque de Mantoue en 1884, patriarche de Venise en 1893. Partout, on avait remarqué son train de vie modeste, son zèle pastoral et son souci du clergé, son goût pour la musique sacrée et le culte, mais de plus son habileté dans les affaires aussi bien financières que politiques.

Quand Léon XIII mourut, en 1903, on lui donnait volontiers pour successeur le cardinal Rampolla, son secrétaire d’État. Les Français désiraient ce dernier, mais les Italiens ne l’aimaient pas. Très vite, ses chances apparurent négligeables, et l’empereur d’Autriche se donna le luxe de lui opposer son veto à la demande des évêques polonais. Sarto fut élu : il avait 68 ans.

Le nouveau pape déploya une très grande activité ; son pontificat compte 3 322 documents officiels, 1 167 nominations et transferts d’évêques et archevêques, 175 territoires pourvus de juridiction. C’est ainsi que, sur le plan administratif, il entreprit, par exemple, la codification du droit canonique (le nouveau Code, promulgué en 1917 par son successeur Benoît XV, a été en vigueur jusqu’à la révision de 1983), la réforme de la Curie romaine et du diocèse de Rome, la réorganisation des séminaires et des congrégations religieuses, un aménagement des règles concernant les évêques, les curés, le mariage religieux. Sur le plan pastoral, il ordonna la visite apostolique du diocèse de Rome, puis de tous les diocèses et séminaires italiens, promulgua deux catéchismes successifs où il voyait un modèle universellement valable, favorisa la communion précoce et fréquente, révisa la liturgie, établit un nouveau bréviaire, remit en honneur le chant grégorien, développa ses contacts avec l’épiscopat du monde entier, etc. Sur le plan intellectuel, il confia aux jésuites la fondation d’un Institut biblique à Rome, et aux bénédictins la révision du texte de la Vulgate latine. Sur le plan politique, les deux points marquants furent l’amélioration progressive des relations du Saint-Siège avec l’Italie (ce qu’on appela l’alliance clérico-modérée, face à la montée du socialisme) et la rupture des relations diplomatiques avec la France (1904), suivie par la condamnation de la loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l’État.

Un combat contre le modernisme

Malgré l’importance de cette œuvre, c’est surtout sur le plan doctrinal que l’action de Pie X a été spectaculaire, sans doute à cause de son aspect répressif : les condamnations les plus marquantes furent celles du modernisme (décret Lamentabili   du 3 juillet 1907, encyclique Pascendi   du 8 septembre 1907) et du Sillon (lettre Notre charge  du 25 août 1910) ; Pie X, insista beaucoup sur le caractère confessionnel des œuvres catholiques et des syndicats chrétiens.

Pie X avait pris pour devise : « Tout restaurer dans le Christ. » Il traduisit : concentration de l’action catholique, réorganisation de l’appareil administratif, développement de la vie religieuse, maintien de l’unité doctrinale, retour à la pureté des traditions ; et, pour cela, lutte contre les forces centrifuges et les tendances novatrices. Dès sa première encyclique, il ne cache rien de ses appréhensions devant les « projets insensés » qui aboutissent à un rejet de Dieu, aujourd’hui « presque commun » : « Qui pèse ces choses a droit de craindre qu’une telle perversion des esprits ne soit le commencement des maux annoncés pour la fin des temps et que véritablement l’Antéchrist dont parle saint Paul ne se trouve déjà parmi nous. » Face à une société qui lui apparaît comme une contre-Eglise, l’Eglise se constitue en contre-société. La bourgeoisie a beau se présenter comme le parti de l’ordre, Pie X ne cède pas à son mirage : « Vaines espérances, peines perdues ! De partis d’ordre il n’y en a qu’un : le parti de Dieu. »

La forte volonté de Pie X n’a disposé, finalement, que d’une faible autorité : volonté plus forte qu’on ne le répète souvent, autorité plus faible qu’on ne le croit partout. Ainsi s’explique que ce pape, mort en laissant la réputation d’un saint, soit aussi demeuré un signe de contradiction entre catholiques.



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